La Tribune des canuts n°14 (juillet-août 2021)

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La lutte de classe ne reculera
devant aucun “pacte” anti-social

L’éditorial de Grégoire Connolly

Le maire de Lyon Grégory Doucet (EELV) et sa majorité (EELV, PS, PC, LFI…) ont adopté le 27 mai en conseil municipal un « Pacte social en faveur du service public et des agentes municipaux ».

Son initiateur, l’adjoint Laurent Bosetti (LFI), prétend qu’il vise à « renforcer les effectifs et améliorer les conditions de travail » par « une politique volontariste de création de postes », « un déroulé de carrière améliorée », « une politique sociale ambitieuse pour lutter contre la précarité », etc.

Permettez-nous, M. Bosetti, une remarque de bon sens : quelle autre recette magique que ces jolis mots avez-vous pour transformer une loi du gouvernement Macron en mesures “de gauche” ? Car votre “pacte” inscrit les futures évolutions du temps de travail « dans les limites du cadre réglementaire »… qui n’est autre que la loi Dussopt de “transformation de la fonction publique” (voir ci-contre).

Les mesures concrètes dévoilées par la municipalité mi-juin le confirment : augmentation du temps de travail de tous les agents, avec notamment plusieurs jours de congés supprimés à l’image de ce qu’a fait Hidalgo à Paris (page II). Il fallait oser écrire dans le fameux “Pacte” que les secteurs de « l’enfance et l’éducation [3 500 agents] feront l’objet d’une attention toute particulière », alors même que la création annoncée de 150 postes sur 2 ans sera loin de couvrir les besoins générés par la forte hausse démographique.

Messieurs Doucet et Bosetti ont inscrit leur méthode dans le “Pacte” : ils projettent de « valoriser l’engagement syndical » afin « que [les délégués syndicaux] puissent exercer leurs mandats dans les meilleures conditions » et soient « formés au dialogue social, à la négociation, et au droit syndical » pour « créer une culture commune ». Qu’est-ce d’autre qu’une volonté d’intégration des syndicats ? Après avoir frappé l’École – fermeture de la maternelle Lévi-Strauss dans le 1er arrondissement, privatisation de services de nettoyage cet été (page II) -, la majorité municipale s’attaque à ses salariés. Ne place-t-elle pas ainsi ses pas dans ceux du macroniste Collomb ? Tels les députés de l’Assemblée Nationale qui, le 19 mars 2020, ont placé leurs pas dans ceux de Macron, en votant unanimement les 343 premiers milliard d’euros de cadeaux aux banques et au patronat (devenus 560 milliards) qu’il leur proposait ? Peut-on chercher ailleurs le raz-de-marée de l’abstention qui les a tous touchés aux élections de juin dernier, en particulier dans les quartiers et villes où les majorités “de gauche” ont relayé les mesures gouvernementales ?

Le “Pacte social” de la majorité lyonnaise jouera-t-il son rôle de faire passer les mesures anti-sociales contre les agents ? Encore eut-il fallu que des syndicats y souscrivent… ce qui n’a pas été le cas. Nul arbre vert, Messieurs Doucet et Bosetti, ne parvient à cacher la forêt de la lutte des classes. Ces deux pages réunis- sent autant de témoignages qui démontrent le refus du contenu réel de votre “Pacte”.

Pour le POID, qu’il s’agisse de défendre les services publics, les emplois et les salaires (menacés par les mesures gouvernementales, dont le “pass licenciement”), de combattre les contre-réformes de l’assurance chômage et des retraites relancées par Macron, les luttes qui se développent contre la politique du “roi sans couronne” et de ses relais (de toute couleur politique), appellent une conclusion : “Dehors Macron et sa politique ! Maintenant, tout de suite, unité pour les chasser, pour ouvrir une issue conforme aux intérêts des jeunes, des travailleuses et des travailleurs !” Réunissons-nous pour avancer dans cette voie.