La Tribune des canuts n°2 (avril 2016)

Licenciements et projet El Khomri

TC2L’éditorial de Grégoire Connolly

Le cabinet d’expertise Trendeo a publié une étude sur la situation industrielle en France en 2015 (1). 1759 usines ont fermé depuis 2009, dont 202 dans notre (nouvelle) Région. 8 900 postes de travail ont été supprimés en 2015, s’ajoutant aux 14 160 pertes en 2014.

La situation à Bosch Vénissieux en est une illustration. L’entreprise vient de confirmer l’arrêt des activités liées aux pompes diesel d’ici 2017. Au moins un tiers des 300 salariés sont menacés (2).
En 2004, la direction du site menace de fermeture à l’appui passait un accord avec la CFDT imposant : 36h/semaine payées 35, suppression de RTT, baisse des salaires et réduction de la majoration de nuit. Elle avait utilisé le référendum d’entreprise, court-circuitant les syndicats opposées au plan. Les 18 salariés l’ayant refusé ont été licenciés et un « plan social » fut annoncé dès 2010…

Le projet de loi El Khomri généraliserait ces pratiques : hiérarchie des normes balayée ; licenciements facilités ; référendums d’entreprise favorisant les chantages à l’emploi ; Compte Personnel d’Activité (CPA) individualisant les droits. Qui pourrait croire alors à de nouveaux droits dans ce cadre ?

Quel avenir réserve-t-on aux salariés de Bosch ? La direction du site Vénissieux propose leur reclassement à Rodez (à 400 km) site qui a lui même connu 117 licenciements en 2013. En février 2016, celui-ci reçoit le « prix de l’alternance » au motif de l’emploi de 60 apprentis (au salaire inférieur au SMIC et qui exonèrent le patron de cotisations). Mobilité promue par le CPA, extension massive de l’alternance pour les jeunes… encore la logique du projet de loi El Khomri.

Un consensus s’est installé entre la maire PCF et le député PS de Vénissieux, avec la Métropole de Lyon, pour associer les syndicats dans des « tables rondes »… évacuant le maintien du site et de tous les emplois ! Tel Valls sur le projet de loi El Khomri.

Le combat contre les licenciements est intrinsèquement relié à la défense des garanties collectives, donc au combat pour le retrait du projet de loi El Khomri. Le code du travail doit être défendu contre toute velléité de « réécriture » sous l’égide de ce gouvernement. Le POID agit pour aider à la préparation de la grève jusqu’au retrait du projet El Khomri. Pas touche aux emplois et au code du travail !

(1) Etude relayée par Le Figaro le 3 mars 2016.

(2) 1 000 salariés y travaillaient il y a 15 ans !